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Une place pour Pierrot

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J’ai été voir hier soir Une place pour Pierrot, le film de d’Hélène Medigue, avec Marie Gillain, Grégory Gadebois, Patrick Mille

Une place pour Pierrot film 2025

Pierrot et sa nièce Emma

Pierrot, 45 ans, est autiste et vit dans un foyer médicalisé. Il passe ses week-end chez sa soeur Camille. Celle-ci s’aperçoit que le médecin du centre a encore augmenté la dose de médicaments, de son frère, l’abrutissant encore plus. Déterminée, elle décide de l’enlever du centre et de lui offrir une vie digne. Camille le prend chez elle et se met en quête d’un endroit mieux adapté à sa différence. Mais il est difficile de trouver une place et en attendant, la vie est difficile à la maison, notamment pour sa fille. Camille s’épuise. Le chemin est long mais c’est la promesse d’une nouvelle vie, au sein de laquelle chacun trouvera sa place.

Je suis forcément sensible au propos du film puisque moi-même j’ai retiré mon fils Karim du centre occupationnel  quand il était quand il a été question de le médicamenter. L’histoire est belle, les acteurs sonnent juste, la vie d’aidant est bien brossée… C’est un beau film où beaucoup se reconnaîtront dans leur recherche de la place idéale pour leur enfant et où d’autres découvriront la difficulté de la vie d’aidant….

Et la vraie place de Pierrot, elle est dans le cœur de Camille. Et derrière cet amour, il y a toute une vie à grandir ensemble.

Bande annonce

Mais…

 

Une place pour Pierrot 2025 film

Pierrot et Camille

Mais en cherchant une place pour Pierrot, Camille écoute-t-elle les désirs de son frère ? Pourtant il les exprime, il souhaite rester avec sa soeur Camille et sa nièce Emma. Il le dit à plusieurs reprises, mais en tant d’années de centre, il a surtout appris la résignation. Quelle est la place de la personne différente au sein de sa famille ? Finalement, il intègrera la ferme et Camille fera les kilomètres le week-end pour venir le voir. Pour lui, la vie d’avant, mais en mieux et avec moins de médicaments… Pour elle, la vie d’avant, mais en plus sereine, avec des kilomètres d’amour le week-end.

J’en suis sortie mitigée. On voit qu’Hélène Medique connaît le sujet, et pour cause, elle a un grand frère autiste. J’ai la même impression finale que pour un p’tit truc en plus (que j’ai quand même adoré)… Une impression que l’inclusion est encore très loin dans l’esprit même de ceux qui sont concernés par le handicap.

Les deux films ont des similitudes. Un entre-soi entre personnes différentes et leurs référents avec en plus dans Une place pour Pierrot, un lien très fort entre un frère et une soeur… Dans un lieu isolé avec de beaux paysages : une colonie de vacances perdue dans le Vercors, une ferme agroécologique au bord de la mer….Oui, c’est mieux que les centres classiques que nous connaissons, mais où est l’inclusion ?

Il y est aussi esquissé en tout petit le trop grand problème de la vie affective et sexuelle. Cela a au moins le mérite de ne pas le nier.

En sortant du film, curieusement, je pensais aux Maisons de Vincent, alors j’ai farfouillé un peu sur l’ordi

Et pour cause

 

Les maisons de VincentEt je me suis rendue compte que Les Maisons de Vincent, c’est Hélène Medique. Elle a créé ce projet pour son frère Vincent autiste. Une première, dans la Somme, où son frère Vincent a trouvé sa place, une seconde à Gould dans le Vaucluse. Et j’admire, car là où je n’ai fait qu’accompagner mon fils dans son souhait d’inclusion, elle a offert 12 places donnant du sens à la vie de 12 personnes autistes

Quelque part, j’aurai aimé alors qu’Hélène Medique aille plus loin et parle de son propre combat. et du coup, par ricochet, de ces parents qui changent leur vie pour accompagner vraiment leur enfant en ne se contentant pas juste de les placer, même si la place semble belle. Ceux qui changent de lieu de vie, de travail, qui créent des appartements partagés…

Parce qu’en créant, on ne subit plus la situation et même si le chemin est difficile, même si on ne suis pas la voie qu’on croit être la notre, on reste acteur de sa vie, tout en accompagnant l’autre vers un meilleur futur et disons le aussi, un futur vivable après nous. Parce que, dès très petits, la grande question est là, que deviendra-t-il après moi ?

Et l’inclusion ?

 

Un amour fraternel entre Pierrot et CamilleOn milite pour l’inclusion à l’école, au travail… L’inclusion, pour moi,  elle commence près de chez soi, dans sa famille (pas si évident que cela) avec les voisins, le quartier…..

Le mois dernier, mon voisin est venu s’asseoir un peu à l’atelier causer…. Après des années à nous apprivoiser l’un l’autre, ce sont des petits moments de partage. Il invite aussi parfois Karim à prendre un verre à une terrasse…

« Je viens d’aller boire un verre avec Karim. On a réussi à avoir une vraie discussion pendant dix minutes. J’en arrive à le considérer comme un de mes copains. Pas le plus intelligent, de loin, mais quelqu’un avec qui je peux passer un bon moment d’échanges un peu bizarres. Finalement, je me dis que s’il était resté dans son centre, avec des personnes comme lui, jamais je n’aurai pu avoir ces moments avec lui, car il n’aurait jamais pu faire les progrès qu’il a fait »….

Et hier soir, on a proposé à Karim d’aller au cinéma avec nous. Malgré ses DVD, le cinéma, c’est pas son fort. « Je préfère m’ennuyer tranquillement »… (avec ses DVD) On ne l’a pas forcé. Ca ne servait à rien.

 

 

 

 

 

je suis né un jour bleu, Daniel Tamet

je suis né un jour bleu de Daniel Tamet

Dans cette autobiographie, Je suis né un jour bleu, Daniel Tamet raconte sa vie en tant qu’autiste savant. Il est atteint, du syndrome du savant, du syndrome d’Asperger (toutes les personnes atteintes du syndrome du savant ne sont pas forcément autistes Asperger) et de synesthésie. Cela lui permet de voir les nombres sous forme de formes et de couleurs. Il possède une mémoire exceptionnelle et une capacité hors du commun à apprendre les langues (il a appris l’islandais en une semaine).  Daniel Tamet figure dans le classement des 100 génies de notre siècle.

(suite…)

le travail des mères dans l’inclusion de leur enfant autiste

présentation du documentaire Karim à notre insu

Dans l’article « les mères : expertes de l’autisme… » je parlais d’une étude qualitative menée au Québec par Catherine Des Rivières-Pigeon, qui démontrait que les mères d’enfants autistes, ayant acquis par la force des choses une expertise pointue de leur enfant, se retrouvaient souvent à former tout le monde autour d’elles, y compris les intervenants. Les enfants ont grandi, sont devenus jeunes adultes. Une nouvelle analyse aborde le thème de l’inclusion et du travail des mères pour que leur jeune soit davantage inclus dans la société. (suite…)

Karim 12 ans après, avec des si…

Avec des « Si » on referait le monde…. Mais à chaque instant de notre vie, on fait des petits choix, consciemment ou non… Parfois on se laisse entraîner par un peu de procrastination et la vie décide pour nous. D’autre fois, on se révolte, on crie un peu plus fort, on se bat un peu plus…. C’est comme un arbre du oui ou non où à chaque intersection se présente un nouveau choix qui nous amène sur un nouveau chemin…

Karim, autiste, routine, DVD et confinement

Click and Collect DVD Les visiteurs Karim TATAI

Karim, autiste et confinement , des mots qui ne vont pas forcément ensemble. Cette semaine 1 du second confinement a été marquée par la fermeture des librairies, puis par extension, des rayons livres des hypermarchés puis jouets et bien sûr disques et DVD…. Pour Karim, 35 ans, autiste et déficient mental, c’est l’interruption programmée de l’une de ses routines principales : aller acheter son DVD de la semaine dans un hypermarché….

Cela fait maintenant 20 ans que Karim va acheter son film le vendredi…. (suite…)

coronavirus : confinement avec Karim 33ans, autiste et déficient mental, jour 2

Si le confinement avait mal commencé le jour 1, il a été plus serein le jour 2.

Bien sûr, Karim vient plusieurs fois par heure demander quand c’est fini le virus… Parfois avec brutalité, parfois juste en questionnement…. Quand est-ce que les filles de l’atelier reviennent, ce qui serait signe de retour à la normale.

-Mon père, il va lui casser la gueule à ce virus (suite…)

Coronavirus : confinement avec Karim, mon fils, 33 ans autiste et déficient mental, jour 1

Eh bien voilà, cela fait à peine 4 heures que le confinement a commencé. Je pense à toutes les familles, tous les parents, toutes les mamans solo confinés avec leur enfant autiste ou porteur d’un autre handicap ….

Cela fait quatre heures et déjà la tension monte…. Pendant des années j’ai essayé de créer une vie cohérente à Karim, entre la photo, ses promenades en ville, ses rencontres possibles, une vie sociale, quoi… Tout était réglé, prévisible, ses courses quotidiennes en ville, ses ballades, sa visite au parking des bus. Il y avait le chocolat chaud dans un bar, les petits achats qui servent de soupape de sécurité… Et puis surtout le DVD du vendredi en guise de salaire, les plus gros quand il a une exposition….. Ceci pour permettre de jongler avec l’inhabituel. Mais là, l’inhabituel est trop vaste, trop grand, trop tout…. (suite…)

Quel avenir pour Dimitri Fargette ?

Dimitri Fargette et son frère avril 2017

Retour à la case HP (hôpital psychiatrique) pour Dimitri Fargette…. Pourtant, il y presque deux ans, on y croyait…. après 18 ans en hôpital psychiatrique, sous camisole chimique et contention, grâce à sa famille, Dimitri avait enfin pu quitter l’hôpital, pour être auprès des siens avant d’être admis dans un centre spécialisé pour personnes autistes. Des photos ont circulé, avec un Dimitri rayonnant, heureux de vivre et comme il n’y avait plus de nouvelles de lui, on se disait pas nouvelles, bonnes nouvelles…. Mais à présent tout est à recommencer. Quel avenir pour Dimitri Fargette ? (suite…)