Autisme, handicap : la revendication par la grue

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Quand les pouvoirs restent muets, inaccessibles et que les appels à l’aide se perdent dans les couloirs des administrations laissant des enfants et leurs parents, des personnes autistes ou porteurs de handicap sans solutions adaptées, la revendication par la grue s’avère un moyen très efficace de pointer les feux de l’actualité et d’interpeller le Président de la République.

parents-enfants-handicapés-autistes-grue-Paris-novembre-2017Conjointement à Strasbourg et à Lille, le mercredi 19 septembre 2018 trois mamans d’enfants handicapés sont montées en haut de grue pour dénoncer le manque d’AVS, le niveau de recrutement insuffisant, le manque de formation de celles-ci, mais aussi pour demander des affectations plus longues afin que l’enfant puisse garder la même AVS d’une année sur l’autre, qu’il n’y ait pas la course tous les ans à refaire des dossiers avec la crainte que l’AVS ne soit pas là le jour de la rentrée…En effet, la rentrée a eu lieu il y a près de trois semaines et 80 enfants n’ont toujours pas leur AVS dans le Bas Rhin (2500 en France), restant de ce fait à leur domicile. Elles ne se battent pas pour elles mais pour que le droit de l’école pour tous soit respecté pour tous les enfants.

Sur la banderole : “Laissez-nous être des citoyens… AVS , ECOLE, ACCESSIBILITE, LOISIR, EMPLOI…”

Déjà l’an dernier, samedi 18 novembre 2017, huit parents d’enfants porteurs de handicap ou autistes, six mamans et deux papas, avaient escaladé quatre grues, porte d’Italie à Paris, pour interpeller le président Macron sur le handicap, lui rappelant ses promesses de campagne et réclamant plus de moyens. D’autres parents, dont Estelle Ast et Marie Letter, qui elles aussi avaient déjà escaladé une grue pour obtenir une AVS pour leur enfant étaient restées au pied des grues pour porter le message devant les médias. A 18 heures, 4 mamans étaient encore retranchées dans deux grues différentes, l’une d’elle menaçant même de sauter si “elle n’obtenait pas un écrit pour son fils”. Menace à prendre au sérieux si l’on sait que, depuis 2008, 17 personnes se sont déjà suicidées (17 suicides connus et combien d’inconnus ?) Fin octobre 2016, encore, la maman de deux enfants autistes s’était jetée du 8 ème étage.

Des banderoles avaient été déployées sur les grues: ” une prise en charge adaptée pour tous” – “handicap 17 suicides connus depuis 2008” – “handicap : exclusion, discrimination, maltraitance” – “handicapés au chômage = 21 %“.

Finalement, en un an, la situation n’a pas changé pour les parents d’enfants handicapés, et la demande est toujours la même.

Les promesses du gouvernement : paroles, paroles ?

mamans-enfants-handicapés-autistes-grue-Paris-novembre-2017Cette année encore, malgré les annonces rassurantes de madame Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat auprès des personnes handicapées, des enfants n’avaient pas leur AVS promise pour la rentrée scolaire, et à ce jour, certains ne l’ont pas encore et sont condamnés à rester aux portes des écoles pour une durée indéterminée et pour certains peut-être toute l’année.

Pour les adultes handicapés, malgré des lois successives, dont l’instauration en 1987 de l’obligation d’emploi de 6 % de personnes en situation de handicap pour les entreprises de plus de 20 salariés, le taux de chômage reste très élevé et deux fois supérieur à la moyenne.

“Emmanuel veut faire du handicap sa priorité, mais on se rend compte que toutes les directives qui sont prises ne vont pas du tout dans ce sens là. On veut vraiment que les moyens soient mis pour que les personnes handicapées soient totalement incluses dans la société à tous les niveaux, à l’école, au travail….Que tout ne soit plus un véritable parcours du combattant.” explique Estelle Ast, membre du Collectif Citoyen Handicap.

Les membres du Collectif reçoivent beaucoup de messages de parents, par mail, facebook ou au téléphone, qui racontent ce qu’ils vivent au quotidien et ce, pendant des années. L’impression de vivre dans une impasse avec des interlocuteurs gouvernementaux qui ne comprennent pas la situation. C’est pour cela ces 12 parents majoritairement concernés par l’autisme de leur enfant ont décidé de dépasser leur situation personnelle et se sont mobilisés pour attirer un éclairage médiatique sur la situation et l’inclusion des personnes en situation de handicap en France, que ce soit pour les problèmes de scolarisation des enfants ou l’accès à l’emploi des adultes. Il faut dire que la France n’est pas une très bonne élève dans cette matière et qu’elle reçoit régulièrement des mauvais points. Avant d’escalader les grues le Collectif Citoyen Handicap a posté cette vidéo sur youtube

Les revendications du Collectif Citoyen Handicap

collectif-citoyen-handicap-enfants-handicapés-autistes-grue-Paris-novembre-2017Nous attendons qu’Emmanuel Macron tienne ses promesses sur la scolarisation des enfants en situation de handicap, la prise en charge des soins et du matériel, ainsi que sur les moyens pour favoriser l’emploi des personnes handicapées. On a surtout l’impression que le débat était d’actualité quand M. Macron avait besoin de nos voix, mais maintenant que c’est fait, ça passe un peu à la trappe”, regrette la porte-parole du collectif.

Le Collectif est déterminé. Il l’a déjà montré puisque ses membres sont déjà tous montés en haut de grues pour obtenir les droits de leurs enfants. Ils ont décidé de s’unir pour faire respecter les promesses de campagne présidentielle. Les parents d’enfants handicapés et les personnes handicapées avaient beaucoup attendu de la nomination de Sophie CLUZEL au Secrétariat d’Etat auprès des Personnes Handicapées, elle-même maman d’une fille trisomique et présidente d’association, mais il apparaît à ce jour que les mesures prises ne vont pas dans le sens attendu.

“Nous demandons à être reçu par monsieur Macron en personne”. L’an dernier, le Collectif Citoyen Handicap a été reçu à l’Elysée et au Ministère de la Santé  “Cela ressemblait plus à une triste blague, des gens qui n’avaient pas les chiffres, qui ne connaissaient pas la réalité du terrain, qui ne connaissaient absolument rien au handicap. On a envie d’arrêter de perdre temps et notre énergie, et on a envie de se poser avec monsieur Macron et pouvoir discuter de choses concrètes. Nous voulons savoir qu’est ce qu’il entend par “mettre le handicap en priorité” parce que pour l’instant on ne comprend pas et ce n’est pas le cas.”

revendications-enfants-handicapés-autistes-grue-Paris-novembre-2017Tout ce qu’on nous fait subir au quotidien, monter sur une grue, ce n’est rien par rapport aux difficultés que l’on peut rencontrer. On est très déterminés. On a la force de tenir, on a connu bien pire.”

Le handicap isole, nous sommes tous chacun chez nous seuls, submergés par nos problèmes quotidiens à résoudre, notre lutte personnelle contre la MDPH, les dossiers à renouveler, nos peurs de perdre le peu que nous ayons obtenu alors, chapeau à ceux qui ont su s’unir, l’an dernier venant des 4 coins de l’hexagone, (tiens, l’Hexagone est aussi handicapé, il n’a plus que quatre coins ?) passant au-delà de leurs problèmes personnels…. pour défendre NOTRE CAUSE A TOUS…. Bravo pour leur courage et leur détermination….

Et MERCI aux mamans qui ont récidivé cette année…

Merci pour l’ESPOIR que vous apportez !

 

Que ce soit pour les soutenir ou partager votre opinion, n’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous…

 

 

Commentaires (3)

  1. BALMET

    Bravo à tous les parents qui se mobilisent pour faire avancer les choses ,si ces enfants existent c’est alors qu’ils ont quelques choses à m’apprendre,et vous Monsieur le Présidents et vous les Politiques si vous étiez concernés peut être que la donne serais différente ….quoi que vous auriez vos propres moyen ,les enfants du peuple n’ont guerre de valeur à vos yeux,j’en suis attristée , je me demande dans quel monde vivons nous .Force et courage à tous ceux et celles qui ce battent pour un monde meilleur puissiez vous être entendu et surtout que tous vos enfants soient considérés.
    Josette Balmet

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    1. souchard sylvie

      merci Josette joli commentaire !!

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  2. Amandine

    Bonjour,
    J’étais avs dans la Drôme depuis 1 an…j’ai souhaité renouveler l’expérience mais en ne pouvant apporter mon aide que 12h sur 2 jours car j’ai trouvé un mi temps sur les 2 autres jours de la semaine….et je me vois dans l’obligation de démissionner…alors que vu le nombre d’enfants en attente d’une avs, je suis outrée de ne pas continuer à aider des enfants, alors que j’en ai la.possibilité et que la demande ne cesse de croître….

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