Depuis quelques jours, nous bavons devant le titre de l’article de l’hebdomadaire Entreprise et Carrières : Etats-Unis : grands groupes recrutent personnes autistes.
Mais en réalité, pour 500 postes à pourvoir à grand renfort de publicité, combien de personnes avec autisme sont sans emploi ? Pourtant, c’est aussi avec ce genre d’informations que l’on fait avancer la réflexion et la recherche de solutions.
Cela donne à réfléchir. En France, quel avenir professionnel pour les personnes avec Autisme, Asperger ou non ? Eh oui, là aussi la France a 30-40 ans de retard, comme dans l’éducation des enfants avec autisme.
L’autisme, pour la majorité de mon entourage, c’est Rainman ou quelqu’un qui se balance du matin au soir sans parler à personne, et les deux sont retirés dans des centres de vie spécialisés. Loin des yeux et des questionnements. Alors difficile d’imaginer que des personnes avec autisme puissent apprendre, étudier, travailler, vivre, exprimer des idées et en plus avoir un regard critique sur notre société, sans compter qu’elles puissent être vecteur de grandes avancées et de découvertes qui font partie aujourd’hui de notre quotidien.
Avant le travail, l’éducation et les apprentissages
Bill Gates, membre « gold » du petit club autistique comme le dit avec beaucoup d’humour Joseph Schovanec a créé sa première entreprise en 1970 et Microsoft en 1975 alors qu’il était étudiant à Harward…. Combien y avait-il en France dans les années 70 d’étudiants avec autisme et combien actuellement de personnes avec autisme arrivent à suivre des études supérieures alors qu’encore aujourd’hui, l’intégration dans les maternelles et les classes primaires est encore une bataille épuisante pour beaucoup de familles…. Et quand elles ont suivi des études, combien trouvent un emploi ?
C’est aussi dans les années 70 que Temple Grandin (aussi membre gold du club) obtient son doctorat en science animale pour devenir une spécialiste reconnue dans le monde entier….
Nous avons en France encore beaucoup de chemin à parcourir et beaucoup de luttes à mener avant que les personnes avec autistes aient enfin la place qui leur revient dans notre société. L’autisme n’est pas une maladie orpheline. On estime qu’elle concerne actuellement en France près de 600 000 personnes. Si il y a quelques années on disait qu’il y a une personne autiste sur 150, actuellement, le chiffre avancé est de 1 personne sur 100 et si vous ne vous êtes pas contenté de lire juste le titre de l’article aguicheur d’Entreprise et Carrières, vous aurez lu qu’aux Etats-Unis on estime qu’il y a une personne autiste sur 68.
Pour les personnes avec autisme, comme pour nous tous, l’enseignement et l’éducation sont les indispensables pour oser un jour espérer obtenir un emploi, mais si notre système éducatif leur refuse ces droits, quel avenir ? Dépêchons nous de mettre enfin en place des structures efficaces, des modes d’apprentissages appropriés sans freiner des quatre fers parce qu’ils nous viennent d’outre-atlantique…. Arrêtons les guéguerres de chapelle pour penser à l’avenir de 1 % de la population et peut-être plus. Ouvrons nos esprits à d’autres façons de penser.IL Y A VRAIMENT URGENCE
Du travail, mais quel travail ?
Quand une entreprise recrute ou embauche une personne, ce n’est pas pour faire du social. Business is business. Si des entreprises recrutent des personnes autistes, c’est que celles-ci correspondent aux critères recherchés pour les postes à pourvoir et ont les qualités requises par delà leur handicap. Dans le très bon article du quotidien suisse Le Temps, Quand le génie et le handicap se côtoient à la tête des entreprises, dont le sujet est la dyslexie et l’autisme chez les chefs d’entreprise, on peut lire : « Quant aux individus atteints du syndrome d’Asperger, leur obsession à comprendre le monde a donné naissance aux plus grandes avancées technologiques de l’histoire ».
Microsoft et les grandes entreprises américaines ne recrutent pas des personnes autistes pour remplir le quota obligatoire de personnes avec handicap dans leur entreprise, mais, selon Mary Ellen Smith, vice-présidente du groupe Microsoft et mère d’une enfant autiste, « ceux-ci représentent un «réservoir de talent» et de forces, des qualités qui peuvent être utilisées comme un avantage concurrentiel. »
On peut également y lire : « Quant au syndrome d’Asperger, une forme d’autisme sans déficience intellectuelle, il toucherait la moitié des ingénieurs de la Silicon Valley selon Tony Attwood, psychologue spécialiste du syndrome »
Changeons notre regard !
Ne nous trompons pas de revendications
Bien sûr, tout est loin d’être parfait aux Etats-Unis et au Canada et les associations outre-atlantique sont encore sur la défensive. Si 25 ou 30 % des autistes trouvent un emploi, 70 à 75 % n’en ont pas. La vigilance s’impose. Mais on peut s’inspirer des réussites et les appliquer. On peut commencer à essayer de trouver des solutions. Comme ils sont « en avance » (40 ans de retard chez nous, ça doit faire 40 ans d’avance chez eux), le travail est déjà fait, copions ce qui a marché. Les français sont-ils donc tellement mauvais en langue pour ne pas traduire des ouvrages importants. Combien de portes d’éditions fermées, combien d’années a-t-il fallut à Joseph Schovanec pour sortir « Comprendre l’autisme pour les Nuls » en France ? Pourquoi Anne-Sophie Ferry a-t-elle dû plongé dans des études en anglais pour arriver à comprendre son fils autiste et à le faire progresser ? Et nous, qui ne comprenons pas assez bien l’anglais, combien d’années devons nous encore attendre tandis que nos enfants grandissent et deviennent des adultes ?
Il ne s’agit pas de multiplier Les Centres, Les places, Les Prises-en-Charge juste pour faire tourner un système qui s’auto-nourit depuis des décennies : le marché juteux du handicap, donner du travail à ceux qui s’occupent des personnes handicapées Trêve de bons sentiments, investissons pour leur offrir le meilleur futur qu’il soit et non pas pour leur trouver des cases où les ranger. Il faut créer les bonnes structures qui permettent la meilleure intégration possible.
En France, 80 % des enfants autistes ne sont pas scolarisés …. Si l’on se penche sur les histoires des personnes autistes qui ont réussi, souvent, la familles, les mères, se sont battues contre « les systèmes » pour offrir à leur enfant le suivi INDIVIDUEL le plus approprié.
Retenons ce conseil donné par Guy Bolduc (chef d’entreprise et papa d’un adolescent autiste) à Laurent Ciman (footballeur professionnel belge venu s’installer au Canada pour une meilleure prise en charge de sa fille autiste) :
Mon deuxième conseil : Foncez comme si personne n’allait jamais vous aider et prenez toujours la responsabilité de défoncer les portes vous-même pour votre fille. Toute l’aide que vous recevrez de l’extérieur sera donc un cadeau.
Alors que voulons nous ?
- Un dépistage précoce de l’autisme
- Un enseignement aux parents et aux familles pour leur donner les outils pour comprendre et aider leur enfant
- La généralisation de méthodes ayant fait leurs preuves, même si elles heurtent quelques chapelles élitistes
- Un programme adapté à chaque enfant dans un rapport parent, soignant, enseignant serein
- L’accompagnement des parents dans la guidance de leur enfant pour leur apprendre à apprendre : les soignants et les enseignants passent, le parent reste,
- Un accompagnement compétant durant la vie scolaire (quelle est la formation des AVS ?)
- Des évaluations permettant de mettre en évidence les points forts de la personne et de l’accompagner dans l’optimisation de ses compétences,
- Une intégration progressive et à son rythme de la personne dans le monde du travail en adéquation avec ses compétences,
- Une intégration dans la vie sociale
- La chance de réussir malgré ou même grâce au handicap
La différence enrichit, soyons riches et forts de nos différences.
Bonjour
Oui, c’est magnifique, mais concrètement comment donner une chance à une mère d’un autiste de 17 ans, trés bien physiquement mais parlant peu, de touver une structure et où s’adresser pour un emploi, même non rémunéré au départ. Comment savoir quel job. Qui va lui donner une chance de sortir de sa « vie intérieure »?
Merci si vous me répondez.
Cordialement
Difficile de répondre à toutes vos questions…. Chaque personne autiste est différente, avec un parcours différent et je ne connais rien de lui, ni le lieu de vie, ni son milieu, ni son parcours… Il n’y a pas de panacée actuellement et y’en aura t-il une un jour ?… Je suis aussi une mère d’autiste. Il a 31 ans maintenant, mais il a aussi eu 17 ans et quand je regarde les 17 ans de mon fils et ce qu’il a parcouru depuis, je me dis que c’était très très dur à l’époque… Je croyais encore que l’institution, le système allait apporter ce qu’il faut à mon fils pour qu’il soit un jour autonome et les années ont passé. J’ai alors compris qu’il fallait que je ne compte que sur moi et sur mon fils…. J’ai essayé de comprendre ses silences, ses mots déformés, ses phrases qui ne voulaient pas dire grand chose, essayé d’y donner sens et d’y donner un sens pour mon fils, de lui offrir des possibles. Il ne travaille pas, ne le pourra je pense jamais, mais il a trouvé un certain équilibre dans sa vie même s’il est impatient d’un autre chose qu’il ne maîtrise pas…. Je ne sais si cela peut vous êtes d’une grande aide, mais nous pouvons toujours échanger hors commentaires si vous le souhaitez… Bonne journée à vous
Ma nièce est autiste asperger . Je l’ai accompagnée dans les locaux d’uniscite , le service civique mais cette association n’est pas formée à ce style d’handicap et préfère intégrer des primos arrivants qui ne l’autorisent pas notre langue .
Que faire ? Emma a 21 ans un bac pro infographiste , Elle n’a pas trouvé de stage pour un Bts et est restée sans succès 2 ans en fac de Japonais … Je souhaiterais l’aider ..Connaissez vous une solution ?
Sincèrement
La France a tellement de retard dans ce domaine. Je vous ai répondu directement par mail.
Ma fille a 30 ans autiste asperger qui a du mal a dormir du mal a etre en forme en journee et donc ne trouve pas de travail. Comment doit elle faire….ses droits au chomage sont finis. Pourtant elle est extrêmement cultivee..intelligente…..mais sans diplome car en echec scolaire en raison d une phobie scolaire….elle n entre pas dans le moule standard du français moyen. Comment peut elle faire reconnaître son « handicap » et surtout trouver du travail pour vivre correctement