Monter en haut d’un échafaudage pour crier le manque d’accompagnement des enfants handicapés à l’école

Maman en haut d'un échafaudrage pour réclamer des AESH

Monter en haut d’un échafaudage pour crier le manque d’accompagnement des enfants handicapés à l’école…. C’est ce qu’ont fait deux mamans mercredi 18 septembre à Strasbourg…. D’autres parents se réunissaient devant les Rectorats de Strasbourg et de Lille appelés par le Collectif Citoyen Handicap

Ceci pour faire entendre la voix des enfants qui n’ont pas (encore cette année pour certains) pu faire leur rentrée scolaire. Manque d’AVS (on va dire AESH car les AVS ont été requalifiées),   accompagnant pas formé ou pas assez formé, accompagnement pas toujours adapté au handicap de l’enfant…. postes mutualisés pour plusieurs enfants, du coup les enfants ne peuvent être accueillis que quelques heures par semaine pour ne citer que quelques exemples.

La communication, cela ne suffit pas à faire que tout aille bien

C’est sûr que sur le papier, tout est au mieux dans le meilleur des mondes…. On est à l’ère de la communication…. et cette année, on peut dire que les institutions ont su communiquer. Dossiers de presse, annonces ou effet d’annonces…. dans tous les médias.

Sauf que la rentrée a eu lieu il y a quinze jours et que les plaintes et doléances des parents remontent dans les associations. Et ce qui énerve surtout les parents, c’est cette assurance de dire que tout va bien, les discours bien lisses et bien sereins alors qu’ils passent des heures à essayer de joindre des services surchargés qui ne répondent jamais et qu’ils se retrouvent dans l’incertitude totale, jour après jour de savoir si le lendemain, leur enfant pourra être accompagné à l’école.

On ne peut nier qu’il y a de réelles avancées, certes, mais elles ne sont pas encore suffisantes…. La France doit rattrapé un énorme retard. Dans d’autres pays d’Europe, l’inclusion des enfants handicapés à l’école a commencé depuis longtemps, plus de 40 ans en Italie par exemple. Cadre de gestion des personnels exerçant des missions d’accompagnement d’élèves en situation de handicap (AESH)

Devant le Rectorat

 

La détresse des parents est perceptible devant le Rectorat de Strasbourg…. Ils sont une trentaine…. Il y aurait pu en avoir plus, mais pour beaucoup d’entre eux ce n’était pas possible : difficile de jongler entre un travail dont on s’absente déjà trop souvent, la scolarisation des autres enfants,  la difficulté de se déplacer avec un enfant handicapé…. et aussi le découragement, l’épuisement  et le “à quoi bon, ça sert à rien”

Les deux mamans en haut de leur échafaudage ont déployé une banderole “Ecole au rabais, avenir sacrifié”… et elles savent de quoi elles parlent, elles se sont déjà tellement battues pour leur propre enfant. (voir Scolariser Emilien, autiste non verbal) Là, elles sont montées pour LES ENFANTS, pour que tous sans exception aient enfin l’accompagnement nécessaire et pas juste un semblant d’accompagnement…. Avec une AESH 2, 4 ou 6 heures par semaine par défaut, cela ne donne absolument pas toutes ses chances à l’enfant porteur de handicap.manifestaton-18-9-2019

A besoin spécifique, réponse spécifique

Le Temple Neuf à Strasbourg 18-9-2019Difficile de répondre sans les connaître aux besoins spécifiques de chaque enfant. Accompagner un enfant à motricité réduite ne demande pas les même compétences qu’accompagner un enfant autiste, sourd ou aveugle…. Les AESH sont recrutées niveau bac et idéalement une formation de 60 heures leur est dispensée avant leur entrée en fonction…. Ca, c’est sur le papier… Sauf, bien sûr, pour celles qui viennent d’être engagées et lancées dans l’arène. Ce n’est pas évident, pas gagné, ni pour elles, ni pour l’enfant qu’elles accompagnent…

Ne faudrait-il pas, avant la rentrée, une rencontre entre l’AESH et les parents afin de discuter ensemble des besoins spécifiques de l’enfant, de ses forces, de ses faiblesses, de ses besoins, des points sur lesquels il faut être attentifs. Cela éviterait bien des dialogues de sourds et des souffrances tant pour l’enfant, que l’accompagnant, les parents, les enseignants ainsi que les autres enfants.

Une volonté politique, mais pas que….

Echanges FacebookL’accueil de tous les enfants à l’école, c’est une volonté politique (bon allez, décision politique poussée par les demandes de toutes les associations de parents qui représentent quand même un bon quota électoral, parce que la volonté politique, elle n’est pas venue toute seule), mais cela ne suffit pas….

L’inclusion dans les écoles, dans les classes, ce n’est pas qu’une affaire de circulaire à respecter…. Il y a les écoles rétives, qui se cachent derrière les textes et celles réellement inclusives, où l’on s’adapte, avec un réel dialogue avec les parents qui sont quand même ceux qui peuvent donner le plus de renseignements sur leur enfant, les problèmes liés à son handicap et les petites stratégies qu’ils ont mis au point et qui peuvent si elles sont partagées aider les accompagnants et les enseignants qui eux n’ont jamais peut-être été confrontés au handicap ou du moins à celui que le hasard des notifications leur demande d’accueillir.

Les parents veulent être écoutés

et que les besoins de leur enfant soient pris en compte.

Où est mon AVS ? Manifestation 18-9-2019Parce que le parent d’un enfant handicapé, c’est pas juste un gueulard qui n’est jamais content…. Il rêve que tout cela se passe bien, que son enfant soit heureux d’aller à l’école parce qu’il s’y sent à sa place, qu’il soit heureux d’apprendre parce que bien accompagné… Il rêve qu’il participe à toutes les activités de l’école, les sorties scolaires, les visites, les classes vertes ou de neige, même si c’est un peu plus compliqué à mettre en place…

Le parent souhaite que son enfant puisse avoir des petits camarades d’école qu’il pourra inviter à son anniversaire… Il rêve qu’il soit  à son tour invité comme les autres… Il rêve, comme tous les parents que ce parcours scolaire lui ouvre les portes de l’ avenir…

Seulement, depuis que le handicap est là, tout est devenu plus difficile pour lui, que ce soit avant ou après le diagnostic…. Comme si dans notre pays, le handicap ne suffisait pas, il fallait en rajouter une couche… Complexité administrative, parcours médical à rallonge, attente interminable pour avoir un diagnostic et donc une prise en charge (entre 1 à 3 ans pour un diagnostic d’autisme) S’il se bat trop contre le corps médical et social, c’est un parent toxique, il fait du déni….

Se battre, encore et encore

S’il baisse les bras, épuisé de se battre, il est démissionnaire.  Pendant ce temps là, l’enfant grandit et prend encore plus de retard….  Et l’on dirait qu’il est le seul à s’en rendre compte.

Alors oui, des mamans montent en haut des échafaudages pour crier que cela ne va pas bien… Une délégation a été reçue au rectorat pour une réunion qui a plus été un dialogue de sourd et dont les parents sont sortis déçus et encore plus en colère.

En attendant, les jours passent, des enfants n’ont toujours pas d’accompagnement ou un accompagnement ne répondant pas à leurs besoins, et la colère gronde….

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