« Gabin sans limites» est le premier livre de Laurent Savard. Il a reçu le Prix Baudelot en 2019. Ce témoignage entre dans la lignée de son spectacle «Le bal des pompiers » dont il est l’auteur et l’interprète. Il repart cette année encore en tournée après dix années d’existence. Une mise en scène pleine d’humour des aléas de l’entourage lorsqu’on a un enfant autiste : «tous différents à l’insu de leur plein gré».
De l’humour dans toutes situations
Il a été souvent souligné que l’humour pour des aidants, des proches, des parents pouvait permettre de traverser une vie d’une extrême difficulté. Gabin sans limites, c’est une suite de courtes anecdotes dans lesquelles chaque parent peut être amené à se retrouver. Laurent Savard, sans minimiser, a le don de tourner en dérision les situations les plus difficiles. Il pointe l’absurdité, l’injustice, le ridicule et finit chaque page par une culbute qui ramène à la réalité. Réalité en décalage avec les discours et le rapport aux autres. Celle de son fils autiste.
La légèreté
Si Laurent Savard ne minimise pas, il aide à traverser. Pas de langue de bois. Son récit, c’est d’abord le retard de développement de son fils, la difficulté du diagnostic. Son rapport à lui-même, sa culpabilité, sa fatigue, son couple. Et pourtant, l’espoir est là. La légèreté aussi. Ce livre c’est sans doute un moyen de vivre un décalage et de rendre hommage à sa vie, pour lui. Mais c’est aussi une façon pour les autres d’en rire, d’accepter l’absurde et de chercher à en faire quelque chose d’autre. Quelque chose qui soulage.
Du commun
Difficile de trouver des moments de partage quand il y a si peu de mots et de fonctionnements en commun. Gabin, s’il «ralentit les autres» selon la directrice d’école est inarrêtable une fois qu’il a chaussé ses rolliers. C’est Laurent Savard qui le suit dans tout Paris après les avoir enfilé lui aussi. Ils sortent le matin, l’après-midi et même en «after», le soir passé 23 heures. La seule crainte : ses 48 ans et retrouver Gabin au milieu de la nuit en pyjama sur ses patins au milieu de Paris. Mieux vaut cacher la clé de l’appartement.
La bienveillance
es personnages de son livre prêtent toujours à rire. De la directrice d’école odieuse, à celle d’une école spécialisée qui impose des régimes alimentaires, en passant par les divers professionnels. Mais il y a aussi la sensibilité et l’humour du grand père, une AVS et une aidante armée de son maillot de bain auxquels il rend hommage. Ces soutiens qu’il décrit toujours avec tendresse, qui prennent toujours le pas sur la colère et l’injustice.
Disponibilité
Si Laurent Savard est écrivain il est aussi comédien et metteur en scène. Son activité lui a permis de trouver une certaine liberté dans la gestion de son temps, une liberté qui lui permet de s’occuper de son fils. Son spectacle «Le bal des pompiers» qui raconte leur histoire lui laisse la possibilité de continuer à jouer et à travailler tout en restant présent une partie de l’année.
A lire
L’histoire de Laurent Savard et de Gabin peut se lire dans tous les sens, à l’endroit comme à l’envers, une page de temps en temps. Chacune se suffit. Pour ceux qui ont peu de temps, cet ouvrage est idéal, le temps d’une respiration. D’un rire. En tout cas d’un peu de légèreté et d’une tendresse solidaire.
Sans pression
Ce livre, tiré de son spectacle «Le bal des pompiers» ne raconte pas un père capable de tout et dont l’énergie est illimité. Il le dit lui-même : « le super papa» c’est celui du deuxième étage. C’est plutôt l’histoire complexe d’un couple bringuebalé qui fait avec ce qu’il peut au fil des jours et des difficultés. Les armes de Laurent Savard et toute son inspiration ce sont le rire et l’amour. Une façon de traverser ce monde qui lui permet de trouver sans doute de la résilience et d’en apporter. A lire et relire, les jours de pluie, de fatigue mais aussi ces jours d’éclaircies.