L’Empereur c’est moi, Hugo Horiot, non verbal : vraiment ?

L'empereur c'est moi Hugo Horiot

Hugo Horiot, non verbal : vraiment ? L’auteur de l’«Empereur c’est moi» retrace son parcours depuis sa petite enfance en tant que personne autiste. Hugo Horiot est aussi militant pour la dignité des personnes autistes, il est l’auteur du manifeste «Atustisme : j’accuse !». Acteur de profession, «L’empereur c’est moi» a été adapté au théâtre.

Un enfant qui ne parle pas : pourquoi ?

Hugo Horiot adulte et enfant

Julien ne parlera pas avant l’âge de cinq ans. Ce n’est pas qu’il ne sache pas, il refuse fermement. Julien n’a qu’un seul plan : retourner dans le ventre de sa mère pour échapper au monde. Pour lui, parler signifie s’éloigner de ce plan. Mais qui pourrait penser quand un enfant ne s’exprime pas, d’une part qu’il le peut tout de même, d’autre part quelle raison peut le pousser à ne pas le faire ? Sa mère a compris qu’il peut malgré son silence et use de ruses pour le voir s’exprimer. Elle se fait passer pour morte en mangeant une pomme après lui avoir raconter un conte. Alarmé, il finira par lui parler pour la voir se réanimer. De même, elle use du téléphone jusque’à ce qu’il se décide à répondre : «Allô». «J’ai été piégé. 1-0 pour toi maman. Bravo. Tu es très maligne». Elle lui arrache ainsi quelques mots. Confirmation que c’est bien par volonté qu’il ne parle pas. Et surtout, Hugo Horiot témoigne bien ici que ce n’est pas parce qu’il ne s’exprime pas qu’il ne pense pas. C’est bien par parce qu’il pense d’ailleurs qu’il s’y refuse. Hugo, le nom qu’il s’est choisi, devra tuer Julien pour commencer à parler. Lorsqu’il aura compris après la nouvelle grossesse de sa mère qu’il ne pourra pas retourner dans son ventre. Et ainsi, affronter le monde.

Une pensée en image qui agit sur le corps

Le plan d’Hugo, jusqu’à la nouvelle grossesse de sa mère consiste à entrer à nouveau dans son ventre. Pour ce faire, il va faire en sorte de disparaitre. Cesser de manger, ne pas respirer les effluves qui pourraient le faire gonfler. Il ne parle pas pour que personne ne le sache, qui pourrait imaginer ce qu’il a en tête ?De même, Hugo est fasciné par les tuyaux. Leur bruit, leur fonctionnement. Il voit ses intestins comme la tuyauterie de la cuisine et se persuade que les excréments pourraient le faire imploser. Il se retiendra jusqu’à l’occlusion intestinale, persuadé que s’il pousse il pourrait exploser. C’est toujours des liens vers l’infini que chaque objet qui le fascine lui font percevoir. La rotation de la terre dans les objets cylindriques, de là, l’univers, les étoiles.

Le refus de jouer et la violence

Hugo Horiot comédien

Le jardin d’enfants ou «le jardin des cons», comme Hugo Horiot le nomme. Julien refuse de jouer avec les autres, comme Hugo plus tard à la récréation. Les jeux adaptés à son âge ne lui conviennent pas et l’insistance des nounous l’exaspère. Ce qu’il aime c’est s’isoler, fasciné par son univers et son imaginaire à lui. Les chansons ne l’intéressent pas et il s’enferme dans son silence. Les nounous y verront dans un premier temps la nécessité de le poursuivre de leurs invitations jusqu’à ce qu’il rompe son pacte de silence en leur faisant comprendre son mépris.A la maternelle, refusant toujours de jouer, il s’imagine des guerres très élaborées dans la cour de l’école.

Des guerres entre enfants

Le harcèlement à l’école Hugo ne baisse pas les yeux. Et dans le bus scolaire, quelques caïds jouent à assoir leur domination sur les autres enfants. Seul Hugo ne baisse pas les yeux. Cela lui vaudra à chaque transport, des coups et des injures. Jusqu’à ce que sa mère finisse par intervenir auprès de l’école. Le harcèlement s’arrêtera mais Hugo se vivra comme «collabo». L’humiliation est le résultat, quelque soit la façon de procéder. Il restera à ses yeux un «collabo» et l’arrêt des coups n’arrange rien à ça. Parce qu’il ne peut pas se défendre seul contre cinq gamins, et cela le met en rage.

Scolarité inadaptée ?

Hugo Horiot l'Empereur c'est moi

Hugo Horiot dans l’empereur c’est moi

Hugo redouble. Hugo exaspère. Hugo a «le cerveau lent», lui qui ne demande pourtant qu’à s’envoler. Il use d’un langage soutenu, qui, s’il amuse certains camarades ne plaît pas aux enseignants. Pourtant, il comprendra vite que le langage est une arme, les mots des couteaux. Le lycée finit par l’éteindre. Il est vide. Ils ont gagné, selon lui. Plus de colère, seul le vide. Et l’alcool, l’oubli. Plus de souvenirs, ni de projets. Jusqu’à son expulsion, enfin.

 

 

 

Le théâtre comme issue

 

C’est au Théâtre du Jour d’Agen que Hugo Horiot trouvera enfin sa place. C’est ici, dans le jeu, les symboles, le langage et le jeu du masque «qui en cache un autre» qu’il va s’épanouir. Lui qui ne pouvait pas être avec les «autres», ouvre ses bras et on lui ouvre aussi. Enfin.Aujourd’hui Hugo Horiot est entre autres comédien et acteur. C’est là qu’il a pu sans doute faire vivre son décalage et son intelligence. Emprunter des rôles et des masques. Et s’exprim

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